Avant que 2020 ne disparaisse

Avant que 2020 ne disparaisse totalement de ma mémoire immédiate, j’ai pris le temps de regarder dans le rétroviseur, et de faire un bilan de cette étrange année..

Le bilan de l’année n’est pas tant pour compter les victoires et les échecs, que pour comprendre le petit élément qui fait la différence entre une réussite et une déception.

Il me semble essentiel de se remémorer l’année qui s’est écoulé, pour emmagasiner un maximum de beaux souvenirs, s’imprégner durablement des joies vécues et capitaliser sur le positif.

Mais pour progresser je ne peux pas me contenter de regarder les succès et les victoires. Disséquer les ratés, étudier les échecs me permet de tirer des leçons et ainsi, transformer ces échecs et ces déconvenues en expérience utiles et constructives.

Ce n’est jamais facile, ni agréable, d’étudier ses propres échecs, mais c’est essentiel si je veux progresser et devenir meilleur pour atteindre mon but (peu importe que ce but soit de devenir le roi de la crêpe, champion du monde d’escalade ou un meilleur photographe d’escalade – voir les 3 en même temps).

Au-delà d’un objectif de progrès, c’est aussi une excellente thérapie. Etudier mes échecs c’est, pour moi, une forme d’introspection au cours de laquelle je transforme les regrets, parfois la honte d’avoir échoué, en quelque chose de positif, qui me permet ensuite de rebondir et d’avancer vers un objectif qui me tient à cœur.  Tout cela ne m’empêche pas de râler, grogner et me plaindre de tout ratage quand il se produit…

Originellement je pensais faire une synthèse de l’année avec les différentes périodes qui se sont succédées et les leçons tirées. Démarrer au confinement puis le retour à la vie normale et à la photo d’escalade à Fontainebleau. Parler de la difficulté à reprendre ses marques, et le plaisir de redécouvrir ce qui me passionne (aussi bien en photo qu’en escalade). Enfin, évoquer l’été, où j’ai fait le choix de grimper moins et de faire plus de photo et l’origine de ce choix.

Et finalement, la vie est passé par là. Mon projet d’article ne s’est pas concrétisé comme je le pensais au départ.

Il me semble aujourd’hui plus pertinent de sauter aux conclusions de cette année, riche en enseignement, et en rebondissements improbables mais heureux.

1 – Les projets personnels sont essentiels pour grandir et évoluer en tant que créateur. Réaliser tout ou parti d’un projet personnel réponds à trois besoins intrinsèques et viscéraux :
– De créer ce que « moi » je veux vraiment créer, et non ce que l’on me demande de créer, avec mes critères d’esthétisme et de beauté.
– De créer quelque chose qui soit profondément signifiant pour moi, dans mon cheminement artistique ou technique.
– De s’aventurer dans des directions que je veux explorer, essayer, et saisir l’étendu de ce que je ne sais pas faire, et mesurer le chemin qu’il me reste à parcourir pour réduire cette incompétence.

2 – Rater un projet personnel est une bonne chose : cela indique que j’essaye quelque chose de difficile et cela me fera progresser. Si on réussi tout ce que l’on entreprends c’est que l’on ne vise pas assez haut, pas assez loin, pas assez difficile.  Les seuls qui ne ratent rien sont ceux qui ne tentent rien.

3 – Si le projet (personnel ou professionnel) est passionnant, alors on s’y investit plus, plus fort et plus longtemps, on fait toujours le petit effort supplémentaire qui différencie un bon résultat d’un excellent résultat. On est toujours plus exigeant avec ce (ou ceux) que l’on aime, et cela s’applique aussi à la création.

4 – Certains projets n’aboutirons que dans six mois, un an, peut-être même plus, car je dépends de quelqu’un d’autre pour en voir l’aboutissement. Et cette attente est positive car elle me permet de continuer à affiner le résultat et faire mieux, même si à un moment j’ai pu penser que j’avais pu perdre mon temps. Toute expérience est bonne à vivre.

5 – Quand vous êtes passionnés par les projets sur lesquels vous travaillez dur, cela se ressent, et vous trouverez des clients qui correspondent à cet état d’esprit. Mais cela sera l’objet d’une autre discussion.

L’année 2020 aura été compliqué, avec ce virus qui semblait effacer l’avenir à mesure qu’il se manifestait, remettant toujours à plus tard la possibilité d’anticiper nos vies. Rétrospectivement, avoir des projets personnels que je voulais mener à bien durant cette période improbable, m’a offert un ancrage mental et une volonté de tirer parti de chaque petite opportunité d’avancer. Tout n’a pas fonctionné, mais tout n’a pas si mal fonctionné.

Durant cette année terrible à plein d’égard, j’aurais vécu et accompli de très belles choses, grâce à cette obsession pour mes projets que je pourrais résumer par « Quelle est la chose la plus cool que je pourrais réaliser cette année ? ».

Aurèle Brémond

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