Pour réaliser en photographie une image que j’ai en tête, quand je vois un mouvement, une scène, une expression, je sais quels réglages faire pour que la photo soit techniquement parfaite. Mais cela ne suffit jamais.
Pour créer une photo, parfois je reste à reprendre encore et encore la même photo, en espérant que tous les petits détails adviennent pour obtenir une photo parfaite : le regard, l’expression, le bon timing. J’essaie encore et encore. Une réussite par pure répétition [1]D’autant plus en escalade où a réussite du mouvement est un critère sur lequel le photographe n’a pas de pouvoir.
L’article sur les qualifications du contest Arkose Massy permet de visualiser le phénomène.
Après tout, la répétition est un peu le point de départ de tout apprentissage. Je répète encore et encore, jusqu’à maitriser un geste, un mouvement, une technique. Et finalement, la réussite n’est que l’expression d’une maitrise enfin acquise.
Chaque photo qui suit est alors une variation autour de la même idée : on reste dans le thème, et on l’illustre avec d’autres photos. In fine on produit des séries consistantes.
À force de série et de consistance, on finit par créer son propre style, cette touche visuelle qui nous est propre : un certain choix de couleur, un certain cadrage, un certain dynamisme… une construction visuelle singulière.
Le problème lié à cette construction singulière est qu’elle se transforme en une habitude réconfortante, facile, évidente même ; mais ennuyeuse. Ennuyeuse parfois d’avantage pour soi que pour les autres, d’ailleurs. Après tout, le style contribue à ce que les gens reconnaissent nos œuvres.
Ce confinement est propice à une chose : se renouveler.
Prendre le même sujet, jours après jours, et le photographier différemment.
Les premiers jours j’ai spontanément épuisé ce que je fais habituellement, dans mon style. Les jours suivants, j’ai dû m’obliger à essayer des cadrages, des dynamiques, des styles visuels, avec lesquels je suis, ou me sens, malhabile.
Le résultat fut assez insatisfaisant à de nombreux égards. Aucun échec n’est agréable à vivre.
Paradoxalement, il fut aussi ravissant : découvrir un nouveau regard, de nouvelles méthodes … Recréer une dynamique de curiosité, de désir de découverte, d’envie.
C’est le point fondamental : ponctuellement, il faut faire revivre ce désir, cette envie, car c’est essentiel pour continuer à faire vivre notre passion.
References
↑1 | D’autant plus en escalade où a réussite du mouvement est un critère sur lequel le photographe n’a pas de pouvoir |
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